BOUCHE ET POSTURE, UNE RELATION SUBTILE (2/3)

Là aussi, ce qui est surprenant sont les modifications divergentes. La cale gauche augmente le plan vertébral antérieur en diminuant la courbure dorsale et la courbure lombaire, alors que la cale droite corrige le plan vertébral sans modification de la courbure dorsale mais une diminution de la lordose lombaire. Autre effet difficile à apprécier à l’œil nu, la modification de la longueur du tronc (distance C7-MF). La cale gauche génère une augmentation de la longueur du tronc de 3 millimètres avec une diminution 3 degrés de la cyphose et de 6 degrés de la lordose, alors que la cale droite provoque une augmentation de la longueur du tronc de 9 millimètres avec une cyphose inchangée et une diminution de la lordose de seulement 4 degrés. Notons que l’aplomb de C7 sur L5 est peu modifié par la cale droite, alors que la cale gauche majore de 3 millimètres l’antéposition de C7 sur L5.

Voici ci-dessous les résultats du plan horizontal.

Voici les résultats de la répartition des charges du sujet 1.

            Cale Gauche                                                       Référence                                            Cale droite

Visuellement le centre de masse paraît positionné de manière similaire entre l’enregistrement référence et l’enregistrement cale gauche alors qu’il semble être décalé vers la droite pour l’enregistrement cale droite.

Les valeurs cardinales rouges sont :

 Avant – ArrièreGauche – Droite
Référence45,3  %  –  54,7  %46 %  –  54 %
Cale gauche48,7 %  –  51,3  %44,5  %  –  55,5 %
Cale droite46,4  %  –  53,6  %42,9  %  –  57,1  %

Là aussi rappelons au lecteur qu’il ne s’agit pas de faire une analyse de l’effet du stimulus, mais bel et bien de constater si modification il y a. Et force est de constater qu’une modification est bien présente. Lors de cette expérience, la cale gauche modifie de manière plus importante la répartition antéro-postérieure des charges alors que la cale droite modifie de manière plus importante leur répartition gauche-droite.

Ainsi nous pouvons conclure par cette expérience que la modification des contacts dentaires habituels génère une modification posturale. Si dans certains travaux cette modification est abordée et parfois décrite, aussi imperceptible qu’elle soit, elle est désormais mesurable à différents niveaux grâce aux technologies optiques et numériques.

Sujet 2

Cet exemple concerne le suivi d’un sujet féminin jeune dans le cadre d’un traitement orthodontique. Les enregistrements raster stéréographiques ont été faits différentes années, avec des unités d’imagerie optique différentes et des logiciels de versions différentes.

Pour observer les résultats enregistrés, nous utiliserons des graphiques simplifiés ci-dessous proposés par le constructeur.

Les verticales du plan frontal, du plan sagittal et du plan horizontal passent par C7.

Voici ci-dessous les enregistrements réalisés.

Ces deux enregistrements ont été effectués à 1 an d’intervalle avec deux unités d’imagerie différentes dotées du logiciel d’analyse de versions différentes.

Le sujet a 9 ans lors du premier enregistrement.

Ces deux enregistrements ont été effectués à 24 heures d’intervalle avec la même unité d’imagerie et le même logiciel.

Celui du 07/09 a été effectué la veille de la pose de bague orthodontique, celui du 08/09 quelques heures après la pose du dispositif.

L’enregistrement du 19/01/2011 est effectué avec la même unité d’imagerie optique et un logiciel de version supérieure.

Le sujet porte son dispositif dentaire depuis 4 mois.

Ces deux enregistrements ont été effectués successivement sans que le sujet ne quitte la plaque barométrique.

Lors du second enregistrement, le sujet est équipé d’élastiques.

A titre d’information, voici ci-dessous des enregistrements de contrôle effectués avec une unité d’imagerie optique différente et un logiciel d’analyse mis à jour annuellement.

Cette série d’enregistrement vous est présentée pour illustrer la possibilité d’un suivi objectif quel que soit l’âge d’un sujet. L’imagerie optique restitue fidèlement la scène au moment de son observation, les caractéristiques morphologiques du sujet comme la saillie des omoplates ou la bascule de bassin sont bien constantes. Rappelons que le sujet se tient dans sa position orthostatique naturelle, qu’aucun marqueur n’a été placé ni au niveau du bassin ni au niveau de la colonne vertébrale, qu’aucune consigne respiratoire ou visuelle n’est donnée (pas de mire face au sujet) et que tous les enregistrements se font sur une durée de 6 secondes.

Ainsi, sans intervention de l’opérateur, le logiciel analyse des silhouettes conformes à la réalité du sujet et du moment en tenant compte des variations oscillatoires pour extraire la moyenne posturale qui, seule, permet la comparaison des résultats avec objectivité et fiabilité, critères absolument nécessaires pour un suivi au long court.

Résultats 1

Le sujet ayant un an de plus, il eut été impossible d’analyser l’effet potentiel de la pose d’un dispositif sans avoir pris la précaution d’enregistrer la situation posturale juste avant la mise en place de celui-ci. Chez le sujet jeune, la croissance apporte son lot de surprise, d’où l’intérêt d’outils performants qui permettent l’observation quantifiée de l’évolution fonctionnelle et non uniquement structurelle.

La déformation vertébrale observée en 2009 invite à la prudence avant toute action. La période pré pubertaire est probablement un moment réservé à la détection car les évolutions sont imprévisibles. Dans ce cas précis, sans aucun traitement, la scoliose a nettement évoluée vers l’amélioration et les courbures sagittales se sont favorablement marquées.

Résultat 2

Les courbes et les valeurs rouges correspondent à la situation avant la pose du dispositif dentaire.

Après sa mise en place on peut observer une importante augmentation de la lordose lombaire et des rotations vertébrales sans modification positionnelle dans le plan frontal.

Résultat 3

Après 4 mois il semble que la nature reprenne ses droits. Le sujet a grandi, le plan sagittal s’est normalisé et le plan frontal est resté constant. Seules les rotations dans le plan horizontal connaissent un changement divergent. Si les lombes voient une diminution des rotations, celles de la zone dorsale haute sont d’amplitudes fortement majorées.

Résultat 4

Les courbes et valeurs en bleu correspondent à la situation dans laquelle le sujet porte son dispositif dentaire auquel l’on adjoint des élastiques de contention.

Là encore, le plan frontal n’est pas affecté par cette configuration. En revanche, c’est encore dans les deux autres plans que l’on peut observer des modifications que nous pouvons qualifier de plutôt favorable pour le plan sagittal, mais fortement défavorables pour le plan horizontal.

Comme pour le sujet 1, les résultats observés, désormais mesurables, des différents enregistrements pour le sujet 2 démontrent l’interaction effective entre le système bucco-dentaire et le système postural.

Il est à noter que le plan horizontal est le plus impacté par le travail dentaire effectué. Dans ce cas précis la réaction est durable et défavorable mais le contraire existe, ce qui ouvre le champ des possibles notamment dans le traitement des déformations vertébrales. En revanche, quel que soit le résultat d’études à venir, la réponse posturale lors d’un traitement orthodontique sera toujours individuelle et tout traitement nécessitera toujours un suivi régulier.

L’activité tonique posturale

Chez l’homme debout au repos, le corps n’est jamais immobile ; il oscille en permanence suivant des rythmes particuliers et complexes dont l’amplitude et la fréquence rendent compte du fonctionnement des différents systèmes sensorimoteurs qui placent et maintiennent le centre de gravité à l’intérieur du polygone de sustentation en orthostatisme.

La vidéo rasterstéréographie est le seul procédé qui permet de mesurer ces oscillations. Sans remettre en cause les fondements de la posturologie, cette technologie offre la possibilité de tirer des conclusions sur l’activité tonique posturale du sujet. La visualisation des mouvements inter-segmentaires permet l’analyse des contraintes mécaniques en jeu. Elle est d’un abord plus compréhensible et directement utile au praticien, donc au patient qui est l’acteur principal d’une stratégie de soins.

Les paramètres de base

Les enregistrements oscillatoires sont faits sur un cycle de 30 secondes, permettant d’avoir une bonne représentation des fréquences de mouvements. Dans le cadre d’études, ce cycle peut être augmenté selon les souhaits de l’opérateur.

Dans cette présentation, nous avons choisi d’observer les mouvements de la ligne des épines iliaques postéro-supérieures (EIPS) dans le plan frontal et les mouvements antéro-postérieurs du tronc par rapport aux mouvements du centre de pression au sol dans le plan sagittal.

Mouvements de la ligne des EIPS.

Mouvements antéro-postérieurs (AP) du tronc par rapport aux déplacements du centre de pression (CdP) au sol dans le plan sagittal.

Le logiciel d’analyse nous propose un graphique regroupant les variations positionnelles de 3 paramètres en millimètres (axe des ordonnées) lors du même enregistrement de 30 secondes (axe des abscisses).

La ligne verte représente les mouvements AP au niveau de C7, la ligne rouge ceux au niveau du bassin (MF) et la ligne bleue les déplacements AP du CdP au sol.

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